Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/240

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nant la lampe, elle refusa de franchir la cuisine pour gagner la salle à manger, appréhendant vaguement que Mélanie ne s’aperçût qu’une femme était entrée dans sa cuisine, et elle repassa par la chambre à coucher.

— Tu vois, ce logement est commode, fit André, aucune pièce ne se commande.

Elle apprécia, elle aussi, cet avantage, puis revint s’asseoir dans le salon. Le feu grondait furieusement, crachant des braises sous la trappe ; elle la releva avec les pincettes et constatant qu’André possédait toujours de beaux volumes, elle s’enquit s’il avait encore les œuvres d’Alfred de Musset et d’Henry Murger.

Il déclara les avoir vendues parce que c’étaient des chose encombrantes et inutiles.

Elle le regretta, car elle eût été contente de les relire. Il offrit de lui acheter des exemplaires choisis de ces livres. Elle le remercia et sourit un peu quand il apprêta son thé. Elle le retrouvait, après cinq ans, préparant son infusion de la même manière, échaudant le métal anglais avec l’eau qu’il reversait dans la bouillotte, ouvrant le couvercle fermé de la théière, faisant couler, par ce trou, la pluie noire des feuilles, les inondant enfin à grands flots d’eau chaude.

Elle riait, renversée dans le fauteuil, répétant ah ! tu n’es pas changé ! Puis elle se redressa et, liant ses bras autour du cou d’André, elle le baisa à petites lappées.

— Prends garde, mon chat, dit-il, tu vas me faire renverser la bouilloire.