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II




Oui, Cyprien avait raison. C’est folie quand, n’étant pas riche, on peut néanmoins, en se gênant, manger chez soi et être presque servi, que d’aller contracter mariage ! Il aurait dû laisser ces tracas-là aux pauvres ! En tisonnant des bûches, les soirs d’hiver, alors qu’engourdi dans son fauteuil, il hésitait à se lever pour s’étendre dans un lit froid, André se l’était répété souvent, se tâtant, se débattant contre l’idée qui lui revenait chaque fois qu’il avait passé la soirée seul, en finir à jamais avec sa vie de garçon, troublée par des appétences charnelles, par des besoins de câlineries et de tendresses.

Il n’aimait point les enfants, ne jugeait pas qu’il fût utile d’en procréer, craignait, en vertu de cet axiome que ce sont les gens pas riches qui en ont le plus, d’engrosser de dix en dix mois sa femme, et, cependant, les misérables ennuis des ménages mal faits, des concierges qui sont pochards et ne retournent pas le lit, l’avaient jeté, comme il l’avouait à Cyprien, sur les gluaux d’une famille, en quête d’un gendre.

Il avait épousé sa femme sans entrain, sans joie. Quand il l’avait connue, elle était comme la plupart des