Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/272

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Blanche. Pour la première fois Peut-être depuis sa rupture avec sa femme, il pouvait songer à elle sans angoisses, sans regrets.

C’est trop bien arrangé pour que ça dure, se disait-il, surpris que tous ses souhaits se fussent si facilement exaucés, car le concierge tant redouté continuait à garder une attitude pacifique, et Mélanie persistait à être prévenante ; ça va se détraquer. Et, en effet, surgit peu à peu une question Jeanne et lui avaient toujours écartée d’un commun accord, la question de l’entretien payé par un autre monsieur, d’un bout de la France à l’autre.

Il ne fut pas tout d’abord parlé de ce jeune béjaune, mais bien de son frère aîné, M. Auguste Vidouvé, ancien négociant en meubles, un homme d’une quarantaine d’années, célibataire et riche, qui devint l’amant de la veuve Laveau, grâce à quelques bouteilles de champagne, un soir. L’ivresse de cette veuve fut désastreuse pour le ménage d’André, car ce Monsieur jugea nécessaire de veiller sur les bonnes mœurs de sa fausse belle-sœur.

Alors, eurent lieu, certains jours, des courses folles au travers de Paris. Jeanne montait dans des tramways, suivie par l’ancien négociant, descendait de la voiture dans une rue de Montmartre, où demeurait sa mère, grimpait deux étages, attendait longtemps sur un palier, surveillant la rue par une fenêtre, et quand elle ne voyait plus cet imbécile en sentinelle sur le trottoir, elle descendait comme un