Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/275

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l’embrassa tendrement pour toute réponse et, gardant encore le silence sur ses propres affaires, revint à sa camarade, racontant qu’Eugénie avait des cuirs dans le sang, qu’il était bien à craindre enfin que, las de l’insulter, le monsieur ne cessât de l’entretenir.

Ces détails sur le malheureux sort de la veuve Laveau commencèrent à exaspérer André. Il trouva que le monsieur ne la cognait pas suffisamment, et comme il chantonnait maintenant quand Jeanne narrait les méfaits de cet homme, la petite ne causa plus ; lasse de remâcher des ennuis, toute seule, elle finit, un soir, pourtant, par parler d’elle-même.

— Tu veux le savoir, fit-elle eh bien ! Le volontariat va se terminer et mon amant revient, là !

André ne broncha pas.

Elle entra dans des explications. Son amant était un gommeux fier comme un artaban de ses hauts cols, un bellâtre avec du bleu dans l’âme, pas méchant et grossier comme son frère, mais maladroit et incapable de comprendre une femme et de la recréer, au lit ou debout. Un vrai gosse, dit-elle, résumant sa pensée en un mot ; et elle poursuivit : oui, il va revenir, mais ce qui est moins drôle, c’est qu’aussitôt de retour à Paris, il s’associe avec un banquier et se marie, et elle ajouta plus bas : je ne sais vraiment pas comment je ferai maintenant pour vivre.

André baissa le nez et il se tut, accablé, car il ne pouvait avec la meilleure volonté du monde entre-