Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette suggestion consterna André. Il chercha à gagner du temps, opposant à ces attaques la force d’inertie, bien résolu, dans tous les cas, à ne pas concubiner avec Jeanne et à ne pas congédier sa bonne.

Une ou deux discrètes tentatives furent encore osées par Jeanne, certains soirs ; puis bien qu’elle eût annoncé gravement une fois que, le mariage de son amant étant dès à présent consommé, elle pourrait revenir comme autrefois coucher, elle évita de reparler de vie commune et laissa de côté ses mines longues.

André s’applaudit de ce changement, et reprit confiance ; il arrangea par prudence ses affaires, vendit quelques obligations et distribua, de temps à autre, à des distances préalablement calculées, un peu d’argent à Jeanne.

Un ou deux mois s’écoulèrent ; février touchait à sa fin. Complètement remis de ses alarmes, se croyant sauvé, André respirait, quand un jour, Jeanne un peu pâlotte déclara que sa situation allait changer.

André s’effara devant cette phrase qui retentit à ses oreilles comme une menace ; il baissa la tête, s’attendant à tout.

Elle chercha ses mots :

— Oui, vois-tu, je n’avais pas le choix, j’ai dû accepter ; enfin, voilà, je pars, le mois prochain, pour l’Angleterre.

Il fut terrassé et, après un silence, tandis qu’elle s’approchait de lui, il se remit un peu, la regarda