Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/304

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de maux d’oreilles et de clous. Alors, elle s’installa près du lit, prépara le potbouille pour qu’il n’eût pas à sortir ; elle le soigna avec sollicitude, le veilla, la nuit, le dorlotant, lui mettant un moine aux pieds, se relevant pour le faire boire.

Lui, fut ébahi ; il ne comptait plus depuis longtemps sur une affection quelconque, sur une pitié ; il s’attendrit sur ce dévouement qu’on lui offrait, gêné, malgré tout, par le bon enfant de cette femme qui voulut, en dépit de ses protestations, s’occuper elle-même de toutes les hontes, de toutes les abjections d’une maladie.

Elle riait, lui disant lorsqu’il se fâchait presque la suppliant de ne pas accomplir de répugnantes besognes :

— Allons, mon bibi, c’est l’affaire des femmes, ça.

Et il l’embrassait, tout ému, et la grosse femme riait plus fort, ravie d’être ainsi embrassée, sans saleté, contrairement aux habitudes.

Elle trima furieusement du reste, car en sus de la cuisine et des courses, elle dut balayer le logis, découper les vieux rideaux de mousseline pour les cataplasmes, se battre avec Cyprien que l’invasion des médicaments outrait.

Puis, ce fut toute la série des purges qui défila : des limonades gazeuses qui emplissaient Cyprien de vent sans rien produire, des eaux de Pullna, aigres et doucereuses, qu’il rendait par le haut, des sels de Sedlitz qui l’échauffaient cruellement, ce fut enfin l’abominable ricin que le docteur prescrivit en dernier ressort.