Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/34

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demi-terme, je louerai facilement une chambre. Allons, voilà qui est décidé ! je vais recommencer ma vie de garçon ; baste ! au fond, tu es dans le vrai, je n’étais malheureux que par ma faute ; je m’étais forgé un tas d’idées, la solitude, le manque de baisers propres, le silence, le soir, dans le lit, le réveil sans gaminades, tout un idéal de fleuriste ! c’est égal, cela finit tout de même bêtement quand on y songe !

Il se tut, puis il pensa qu’il serait convenable de s’intéresser aux travaux de son hôte ; il regarda un tableau placé sur un chevalet :

— Eh bien, mais, ça va ! s’écria-t-il, puis il écouta, sans les entendre, les explications de son ami et, obsédé de nouveau par son malheur, il reprit :

— C’est étonnant, si tu l’avais vue il y a quinze jours quand elle a flanqué congé à la bonne qui découchait. Elle est sévère, ma femme ! moi, je faisais remarquer que cette fille cuisinait bien, ne rechignait devant aucun ouvrage, qu’il était absurde de la renvoyer pour des escapades qui, au demeurant, ne nous gênaient pas. Ma femme m’a toisé ! j’étais évidemment pour elle, un homme sans mœurs, je me suis tu, la bonne a reçu son compte ; cela a mieux valu, ajouta-t-il plus bas, nous n’avons pu en engager une autre, de sorte qu’au moins pour cette nuit…

Cyprien lui coupa la parole. Ses vieilles rancunes contre les femmes se réveillaient. Ah ! elles ne sont pas bons enfants, clama-t-il. On ne leur demanderait pourtant que ça ! – Oui, mais pour être bon enfant, il faut avoir été beaucoup roulé, comme toi et moi, par exemple.