Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/67

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accroupies, leur tournaient le dos, et elles se levaient et s’abaissaient, en mesure, découvrant des petits derrières bien fendus au milieu et blancs.

Onze heures sonnèrent. André eut un soubresaut.

— Allons retrouver Mélanie, dit-il ; et puis, j’en ai assez, moi, du Luxembourg ; c’est un bain de tristesse que ce jardin-là ! Que le diable t’emporte, toi et tes souvenirs d’enfance ! Viens, filons ; et ils descendirent de la terrasse dans les allées qui bordent les parterres, enserrés de grilles, devant le Sénat.

Ils marchaient vite, croisaient un prêtre ronchonnant sur un bouquin relié de drap noir, un homme se rendant à son travail, le nez dans un journal ; ils longeaient les files d’ouvriers étendus sur des bancs, fumant des cigarettes, s’épuçant la main sous la blouse, frôlaient un vieillard tapant sa pipe, pleine de cendre, sur la caisse verdâtre d’un oranger, suivaient des yeux les reins tout remués de jeunes ouvrières, à peu près honnêtes sans doute, car elles se pressaient, portant encore leur manger dans un sac de cuir. André hâtait le pas, écartait un moutard qui se dirigeait vers le bassin, un bateau minuscule au bras, sacrait après une polissonne qui lui lançait son cerceau dans les jambes.

— Dépêchons, répétait-il, je tiens à ne pas rater Mélanie.

— Ils arrivèrent enfin devant la boutique.

— Asseyez-vous, une minute, dit la blanchisseuse aux deux jeunes gens. Mélanie est à côté chez la voisine, je vas la chercher.