Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/93

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par les jeunes mariées : flanquer a la porte de chez elles, les amis de l’homme qu’elles ont épousé ; elle eût pu, par conséquent, se montrer plus indulgente ; mais la hauteur inusitée qu’André avait mise dans ses reproches, la révoltait, puis, il avait eu de même que tous les gens faibles, la bêtise de laisser voir qu’une fois la semonce donnée, il la regrettait. Du coup, elle comprit que sa fermeté était ébranlable, que cette lucidité d’observation si périlleuse d’abord, commençait à se brouiller ; elle ne l’avait jusqu’ici ni aimé, ni haï, elle en arrivait maintenant à le détester.

Plus elle y pensait, plus elle était à présent convaincue qu’elle avait commis une sottise en l’épousant. Après avoir manqué des mariages avantageux, elle aurait dû attendre encore. Parmi les gens empressés autour d’elle dans les rares salons où son oncle acceptait de la mener, elle aurait pu découvrir un prétendant plus mondain, plus riche. De retour chez elle, après les sueurs mal séchées des valses, elle songeait aux danseurs qui l’avaient étreinte, s’imaginait qu’elle aurait été plus heureuse avec l’un d’entre eux. Dans tous les cas, ces gens-là avaient des positions honorables, pouvaient, en travaillant, augmenter leur avoir, rendre l’existence de leur femme plus large. André s’occupait de littérature, une position méprisée par toutes les familles qu’elle connaissait, une position qui consistait à tourner ses pouces et à écrire la valeur de deux lettres par jour. Du reste, il ne pouvait avoir du talent, puisque le peu