Page:Huysmans - En rade.djvu/104

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mal sacré, l’épilepsie de ce monde, l’hystérie de cette planète, crachant du feu, soufflant des trombes, se cabrant, bouleversée sur son lit de laves ? à la suite de quelle irrécusable adjuration, la froide Séléné était tombée en catalepsie dans cet indissoluble silence qui plane depuis l’éternité sous l’immuable ténèbre d’un incompréhensible ciel ?

De quels effrayants germes étaient donc issus ces monts désolés, ces Himalayas aux corps calcinés et creux ? quels cyclones avaient tari ces Pacifiques et scalpé les végétations inconnues de leurs bords ? quels déluges supposés de flammes, quels éclats disparus de foudre avaient scarifié l’écorce de cet astre, tracé des rainures plus profondes que des lits de fleuves, creusé des fossés dans lesquels auraient pu couler à l’aise dix Brahmapoutre ?

Et plus loin, encore plus loin, émergeaient du cercle des horizons devinés d’autres chaînes de montagnes dont les interminables pics effleuraient le couvercle de nuit du ciel, un couvercle seulement posé sur les pointes de clous des cimes, en attendant qu’un surnaturel marteau l’enfonçât d’un coup pour clore hermétiquement l’indestructible boîte !

Joujou d’une Titane immense, d’une géante en-