Page:Huysmans - En rade.djvu/113

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ciles bienfaits de la réputation d’ours qu’il s’était acquise, car, las de ses refus, les gens lui évitaient, maintenant, la contrariété des excuses en ne l’invitant plus, il avait incarné son rêve de quiétude, en épousant une bonne fille sans le sou, orpheline de père et mère, sans famille à voir, silencieuse et dévouée, pratique et probe, qui le laissait fureter, tranquille, dans ses livres, tournant autour de ses manies, les sauvegardant sans les déranger.

Comme tout cela était loin ! Comme cet apaisement éprouvé dans le coude-à-coude d’une femme dont le verbiage était modéré, par conséquent tolérable, et dont les besoins de va-et-vient dans les soirées et les théâtres étaient nuls, avait été de durée courte !

Rapidement, dès les prodromes de l’inexplicable mal, l’atmosphère du chez soi avait changé. Ce matin un peu couvert qu’il aimait à sentir autour de lui, s’était mué en un crépuscule d’hiver, long et morne. Louise, taciturne, inerte, souriait pourtant, témoignant à Jacques que son affection demeurait intacte, mais implorait, en quelque sorte, d’un œil hésitant et câlin, pareil à celui d’une chatte couchée sur des habits, qu’on la laissât là, sans la chasser, sans la forcer à chercher une autre place.

Et il s’irritait devant la descente de ces souve-