Page:Huysmans - En rade.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mur ; le bruit de la cloche qu’il avait tirée l’allégea. Il écoutait, l’oreille plaquée contre le bois de la porte ; aucun bruit de vie derrière cette clôture. Ses frayeurs galopèrent aussitôt ; il se pendit, défaillant, au cordon de la cloche. Enfin, sur un craquement de graviers, des galoches claquèrent ; un crissement de ferraille s’agita dans la serrure ; on tirait vigoureusement la porte qui tressaillait mais ne bougeait point.

— Poussez donc ! fit une voix.

Il lança un fort coup d’épaule et pencha avec le battant qui céda, dans le noir.

— C’est toi, mon neveu, dit une ombre de paysan qui le retint dans ses bras et lui frotta de ses poils mal rasés les joues.

— Oui, mon oncle, et Louise ?

— Elle est là qui s’installe ; ah dame ! tu sais, mon homme, c’est pas à la campagne comme à la ville ; il n’y a pas comme chez vous un tas d’affûtiaux pour son aisance.

— Oui, je sais ; et comment est-elle ?

— Louise, ben, elle est avec Norine, elles brossent, elles balaient, elles cognent, malheur ! — mais ça les amuse ; elles se font du bon sang, elles ricassent ensemble si fort qu’on ne sait plus à qui entendre !

Jacques respira.