Page:Huysmans - En rade.djvu/125

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Une petite fille entra, une blondine au nez en croissant, picoté de son, aux yeux en boules blanches et bleues ; elle se tortilla les hanches, en reniflant et en grattant du bout de ses doigts son tablier.

— Tiens, mignonne, fit Louise, voici la liste pour ta maman ; tu nous rapporteras les achats dans l’après-midi.

L’enfant baissait la tête, sans bouger.

— Ton papa est épicier, n’est-ce pas, sais-tu s’il a du gruyère ?

Elle avança le globe de ses yeux qu’elle releva et ouvrit, comme une carpe, une bouche dont il ne sortit aucun son.

— Tu sais ce que c’est que du gruyère ?

— Elle blanchit, m’man, elle m’a dit de le dire à la dame, poussa tout à coup la petite.

— Eh bien ! reprit Louise que la question du linge intéressait justement depuis deux jours ; tu lui diras à ta maman qu’elle vienne, demain, me voir.

L’enfant remua la tête. Ça ? s’exclama-t-elle, soudain, en montrant une boîte à poudre de riz.

— Tiens, elle se décide à parler, s’écria Jacques. Il lui mit la boîte débouchée sous le nez, mais alors l’enfant recula, fit la grimace, lança des petits crachats autour de la boîte, ainsi que font