Page:Huysmans - En rade.djvu/147

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des barrières parisiennes dont ils avaient le dandinement des hanches et le renversement des poings.

Ils turbulaient autour du billard, croisant leurs queues comme des armes, se sautaient sur les épaules pour se faire plier, se tapaient sur les cuisses, se frottaient des allumettes sur les fesses, et ils s’engueulaient ainsi que des gens qui vont s’égorger, braillant, la bouche en avant, les uns sur les autres, prêts à se manger le nez et à s’éborgner avec leurs gestes qui s’achevaient en des bourrades amicales et de gros rires.

Les vieux hurlaient, pour leur part, aussi fort, frappant du poing la table, chaque fois qu’ils jetaient une carte, ou bien s’arrêtant, en tiraient une à moitié de l’éventail de leur jeu, puis la renfonçaient, en se contractant par un rictus des mâchoires la peau des fanons.

— C’est-il pour demain ? criaient les autres.

Et, une fois le coup terminé, les récriminations commençaient.

— T’aurais dû jouer cœur ! — Mais non. — Si da. — Bougre d’empoté, quoi donc que t’aurais fait à ma place ? puisque je te dis que le pique était maître !

— De l’eau ! — une absinthe pour moi ! — un Picon, Parisot ! et l’aubergiste, traînant les pieds, apportait la consommation dans un verre, tandis