Page:Huysmans - En rade.djvu/152

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— Dis donc, mon neveu, fit l’oncle Antoine, en tirant Jacques par sa manche, il est temps de s’en aller vers Lourps.

— Je suis prêt, répondit le jeune homme, enchanté de quitter l’auberge, et ils partirent.

En chemin, il demanda au vieux de lui narrer l’histoire de cette Parisienne qui avait tant fait rire les paysans qui la racontaient.

— Oh ! c’est rien ! dit le père Antoine, c’est une dame qu’a sa petiote en nourrice dans le pays — oh ! c’est pas une dame riche ! Elle est venue avec son autre enfant, et comme chez la mère Catherine où qu’est la petiote, il y a pas de place pour loger, elle a loué une chambre chez Parisot.

Mais, dimanche, que c’était la fête, Parisot, le soir, quand elle est rentrée, à neuf heures, pour coucher, il y a dit qu’il pouvait pas la recevoir parce que sa chambre, c’était la chambre d’amour, celle où les garçons et les filles montent. Alors cette dame a voulu rester, parce qu’il faisait nuit noire et qu’il pleuvait et qu’elle savait pas où coucher, et il y a dit comme ça : oh ben, il y a pas d’autres chambres, mais dans celle-là, il y a deux lits, couchez-vous avec votre petiote, les garçons, ils ne vous feront rien, ils iront sur l’autre lit avec les filles. Et elle a fait une tête que tous ceux qu’étaient là s’en tordent encore — si ben qu’elle a fini par