Page:Huysmans - En rade.djvu/17

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gnant dans l’alcôve un antique lit de bois sur lequel gisait un matelas et une paillasse, puis, au milieu de la pièce, deux chaises de paille et une table ronde visiblement retirée d’un jardin où ses jambes avaient gonflé, tandis que sa plate-forme s’était exfoliée sous des rafales de soleil et de pluie ; — mais enfin, nous verrons, demain, à nous procurer les objets qui manquent.

Jacques approuva d’un mouvement de tête ; il embrassait d’un coup d’œil la chambre surtout occupée par ses malles ouvertes le long du mur ; décidément, un bain de tristesse tombait de ce plafond trop haut, sur ce carreau froid.

Louise pensa que son mari songeait à ses ennuis d’argent ; elle l’embrassa. — Va, nous nous en tirerons tout de même, dit-elle. Et le voyant soucieux quand même : Tu dois avoir faim, allons retrouver l’oncle, nous causerons plus tard.

Revenu sur le palier, Jacques entre-bâilla les portes de gauche et de droite, il aperçut d’immenses corridors, sans fond, sur lesquels se dégageaient des pièces ; c’était l’abandon le plus complet, la glace du sépulcre, la dissolution de murs battus par le vent et les averses.

Il descendit l’escalier, mais subitement il s’arrêta ; un vacarme de chaînes rouillées, de roues