Page:Huysmans - En rade.djvu/202

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pression du seau, deux pinceaux de poils se dressaient au-dessus d’yeux agrandis par la belladone, séparés par un nez en furoncle, fécond et mûr, relié par un chenal velu à l’as de cœur d’une bouche qu’étayait la console d’un menton ponctué, comme celui d’un déménageur, d’une virgule de poils roux.

Et un tic agitait ce visage monstrueux et blême, un tic qui retroussait la pointe enflammée du nez, haussait les yeux, agrippait du même coup les lèvres, remorquait la mâchoire inférieure et découvrait une pomme d’Adam granulée de picotis, de même qu’une chair déplumée de poule.

Jacques suivit cet homme dans une pièce immense, aux murs en pisé, éclairée presque au ras du plafond par des fenêtres en demi-roues. Tout en haut, près des corniches, couraient des tuyaux d’étoffe verte, semblables à des conduits acoustiques ou aux tubes exagérés d’un éguisier énorme. Ni pavillon de palissandre pour souffler dedans, ni canule qu’on y pût joindre ; rien. Ces appareils, sans destination connue, traversaient seulement la chambre. Au-dessous d’eux pendaient à des crocs en forme de 8 des têtes de veaux échaudées, très blanches, tirant toutes la langue à droite ; puis, fixés à de longs clous, des schapskas pistache, aux plates-formes groseille, et des schakos sans visières, en pots à beurre.