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Page:Huysmans - En rade.djvu/217

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engendre des fantômes », n’était pas vraie ; puis il sourit et leva les épaules, s’abstint désormais de boire des liqueurs, attendit pour se coucher que la digestion fût faite, se couvrit plus légèrement dans le lit, et obtint, à défaut d’un sommeil dépeuplé, des visions plus confuses et plus douces.

Le temps étant revenu au beau, il se contraignit à marcher, visita les villages des alentours, s’en fut à Savin, vit un petit hameau composé de deux allées bordées par des cahutes ceintes de haies mortes. Il put constater que les promenades hors du château étaient sans intérêt. C’étaient partout de grandes routes poudreuses, plantées çà et là de bornes kilométriques et de noyers, rayées en l’air, souvent par le fil d’un télégraphe, bosselées, tous les cent pas, par des tas de caillasses, et toutes conduisaient, après des marches plus ou moins longues, à des bourgs semblables habités par des paysans pareils.

Il fallait s’éloigner de plusieurs lieues pour gagner les bois ; mieux valait encore errer dans le jardin de Lourps et dormasser à l’ombre de ses pins.

Puis il vécut des heures moins prévues et une journée plus neuve. Le curé venu, le dimanche, à Lourps, avait laissé la clef de l’église chez l’oncle Antoine, afin qu’il la pût remettre au serrurier, qui