Page:Huysmans - En rade.djvu/52

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la veille, dès ses premiers pas dans le château, le ressaisit. Il dut s’arrêter, car ses pieds butaient dans des trous, s’empêtraient dans les trappes du lierre.

Il rebroussa chemin, suivit la lisière du bois et longea les derrières du château qu’il n’avait point vus. Ce côté, privé de soleil, était lugubre. Vu devant, le château demeurait imposant, malgré la misère de sa tenue et le délabrement de sa face au grand jour, sa vieillesse s’animait même, devenait, en quelque sorte, accueillante et douce ; vu de dos, il apparaissait morne et caduc, sordide et sombre.

Les toits si gais au soleil, avec leur teint basané piqué par le guano de mouches blanches, devenaient dans cette ombre tel qu’un fond oublié de cage, d’une saleté ignoble ; au-dessous d’eux, tout cahotait ; les gouttières chargées de feuilles, gorgées de tuiles, avaient crevé et inondé d’un jus de chique les crépis excoriés par le vent du nord ; les agrafes des tuyaux de descente s’étaient rompues et d’aucuns pendaient retroussés et agitaient en l’air leurs manches vides ; les fenêtres étaient démantibulées, les volets fracturés, recloués à la hâte, bandés par des planches, les persiennes vacillaient, dégarnies de lames, déséquilibrées par des pertes de gonds.

En bas, un perron fracassé de six marches,