Page:Huysmans - En rade.djvu/75

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beuglait sourdement et le regardait, la tête retournée, de ses grands yeux vides. — Et, écartant à coups de souliers les autres, il caressa la Lizarde, lui parla bas ainsi qu’à un enfant, lui prêta des noms d’amoureuse, l’appela « ma fanfan, ma fifille », l’encouragea à supporter le « mal joli », lui affirmant que si elle poussait ben, ça ne serait que l’affaire d’un moment, après quoi elle reprendrait sa taille.

Tout en se frottant le crâne, il disait à Jacques… — C’est qu’elle passe de plus en plus la bouteille ! Bon sang de bon Dieu ! Qu’est-ce qu’elle fout donc, Norine ? — En attendant je vas toujours préparer de la filasse pour tirer le veau ; et, tout en tordant ses écheveaux, comme la Lizarde continuait à meugler, il vanta, pour la réconforter sans doute, la sûreté de son affection et les qualités de ses pis.

— Suppose que tu la traies, mon neveu, eh ben, elle te donnerait à peine du lait ! elle s’abandonne qu’avec Norine ; elle perd tout pour elle ; ah dame ! c’est point quand on aime, comme quand on aime point ! et elle est, comme le monde, la Lizarde, elle aime ceux qui la soignent !

Et les autres, c’est tout de même aussi comme elle ! — et il désignait les trois vaches qu’il interpella par leurs noms. « La Si Belle, la Barrée, la