Page:Huysmans - En rade.djvu/9

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des enfilades de champs dont le crépuscule confondait les limites, en les fonçant. Sur la côte, au loin, une grande bâtisse emplissait le ciel, pareille à une énorme grange aux traits noirs et durs, au-dessus de laquelle coulaient des fleuves silencieux de nuées rouges.

— J’arrive, se dit-il, car il savait que derrière cette grange qui était une vieille église, se cachait dans ses bois le château de Lourps.

Il reprenait un peu courage, regardant s’avancer vers lui ce bâtiment percé de fenêtres qui, se faisant vis-à-vis au travers de la nef, flambaient, traversées par l’incendie des nuages.

Cette église noire et rouge, à jour, ces croisées semblables, avec leurs rosaces étoilées de filets de plomb, à de gigantesques toiles d’araignées pendues au-dessus d’une fournaise, lui parurent sinistres. Il regarda plus haut ; des ondes cramoisies continuaient à déferler dans le ciel ; plus bas le paysage était complètement désert, les paysans tapis, les bestiaux rentrés ; dans l’étendue de la plaine, en écoutant, l’on n’entendait, au loin, sur des coteaux, que l’imperceptible aboiement d’un chien.

Une alanguissante tristesse l’accabla, une tristesse autre que celle qui l’avait poigné, pendant la route. La personnalité de ses angoisses avait