Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/126

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solitude aux souffrances de ces êtres malades dont elles entendaient les plaintes.

Et le matin, leur première messe, la messe des ouvrières et des bonnes était non moins touchante ; il n’y avait là ni bigotes, ni curieux, mais de pauvres femmes qui venaient chercher dans la communion la force de vivre leurs heures de besognes onéraires, d’exigences serviles. Elles savaient, en quittant l’église, qu’elles étaient la custode vivante d’un Dieu, que Celui qui fut sur cette terre l’invariable Indigent ne se plaisait que dans les âmes mansardées ; elles se savaient ses élues, ne doutaient pas qu’en leur confiant, sous la forme du pain, le mémorial de ses souffrances, il exigeait, en échange, qu’elles demeurassent douloureuses et humbles. Et que pouvaient leur faire alors les soucis d’une journée écoulée dans la bonne honte des bas emplois ?

« Je comprends pourquoi l’abbé tenait tant à ce que je visse les églises à ces heures matinales ou tardives, se disait Durtal ; ce sont les seules, en effet, où les âmes s’ouvrent. »

Mais il était trop paresseux pour assister souvent à la messe de l’aube ; il se contenta donc de faire escale, après son dîner, dans les chapelles. Il en sortait, même en priant mal, même en ne priant pas, apaisé, en somme. D’autres soirs, au contraire, il se sentait las de solitude, las de silence, las de ténèbres et alors il délaissait Saint-Sulpice et allait à Notre-Dame des Victoires.

Ce n’était plus, dans ce sanctuaire très éclairé, cet abattement, ce désespoir de pauvres hères qui se sont traînés jusqu’à l’église la plus proche et s’y sont affaissés dans l’ombre. Les pèlerins apportaient à Notre-Dame