Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/176

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de statuettes de plâtre, de fleurs en taffetas, de grappes de raisins, d’épis en papier d’or ; mais l’antique bâtisse qui abrite le cloître est curieuse. Elle tient, comment dirai-je, d’un réfectoire de pension et aussi d’un salon de maison de retraite ; elle sent en même temps la vieillesse et l’enfance…

— Je connais ce genre de couvents, fit Durtal ; j’en ai autrefois fréquenté un, alors que j’allais visiter, à Versailles, une vieille tante. Pour moi, il évoquait surtout l’idée d’une maison Vauquer tombée dans la dévotion, il fleurait tout à la fois la table d’hôte de la rue de la Clef et la sacristie de province.

— C’est bien cela, et l’abbé reprit, en souriant :

— J’ai eu, rue Tournefort, plusieurs entrevues avec l’abbesse ; on la devine plutôt qu’on ne la voit, car on est séparé d’elle par une herse de bois noir derrière laquelle s’étend un rideau qu’elle ouvre.

Je la vois très bien, moi, pensa Durtal qui, se rappelant le costume des Bénédictines, aperçut, en une seconde, une petite face brouillée dans un jour neutre, puis, plus bas, sur le haut de la robe, l’éclat d’un Saint-Sacrement de vermeil, émaillé de blanc.

Il se mit à rire et dit à l’abbé :

— Je ris, parce qu’ayant eu des affaires à régler avec cette tante religieuse dont je vous ai parlé et que je ne discernais, ainsi que votre abbesse, qu’au travers de la treille, j’avais découvert la façon de lire un peu dans ses pensées.

— Ah ! et comment ?

— Voici. Ne pouvant observer sa physionomie qui se reculait derrière le lattis de la cage et disparaissait