Vous étiez malade, si malade que vraiment l’on pouvait dire de votre âme ce que Marthe disait du corps de Lazare : « Jam fœtet ! » — Et le Christ vous a, en quelque sorte, ressuscité. Seulement, ne vous y trompez pas, la conversion du pécheur n’est pas sa guérison, mais seulement sa convalescence ; et cette convalescence dure quelquefois plusieurs années, est souvent longue.
Il convient donc que vous vous déterminiez, dès à présent, à vous prémunir contre les rechutes, à tenter ce qui dépendra de vous pour vous rétablir. Ce traitement préventif se compose de la prière, du Sacrement de Pénitence, de la sainte communion.
La prière ? — vous la connaissez, car, après une vie agitée telle que fut la vôtre, vous n’avez pu vous décider à émigrer ici, sans avoir auparavant beaucoup prié.
— Ah ! si mal !
— Peu importe, puisque votre désir était de prier bien ! — La confession ? — Elle vous fut pénible ; elle le sera moins maintenant que vous n’aurez plus à avouer des années accumulées de fautes. La communion m’ inquiète davantage ; l’on pourrait en effet craindre que dans le cas où vous triompheriez de la chair, le Démon ne vous attendît là et qu’il ne s’efforçât de vous en éloigner, car il sait fort bien que, sans ce divin Magistère, aucune guérison n’est possible. Vous aurez donc à porter sur ce point toute votre attention.
Le moine réfléchit une minute, puis il reprit :
— La sainte Eucharistie… vous en aurez plus qu’un autre besoin, car vous serez plus malheureux que les êtres moins cultivés, que les êtres plus simples. Vous serez torturé par l’imagination. Elle vous a fait beau-