Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/336

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Et remarquez bien que ces dons ne prouvent pas leur supériorité sur les autres Saints. Sainte Térèse le déclare expressément : il ne faut pas s’imaginer qu’une personne, par cela même qu’elle est favorisée de grâces, soit meilleure que celles qui n’en ont point, car Notre Seigneur dirige chacun suivant son besoin particulier.

Et c’est bien là la doctrine de l’Eglise dont l’infatigable prudence s’affirme lorsqu’il s’agit de canoniser les morts. Ce sont les qualités et non les actes extraordinaires qui la déterminent ; les miracles mêmes ne sont pour elle que des preuves secondaires, car elle sait que l’Esprit du Mal les imite.

Aussi trouverez-vous dans les vies des Bienheureux des faits plus rares, des phénomènes plus confondants encore que dans les biographies des Saints. Ces phénomènes les ont plutôt desservis qu’ils ne les ont aidés. Après les avoir béatifiés, pour leurs vertus, l’Eglise a sursis — et pour longtemps sans doute — à les promouvoir à la souveraine dignité de Saints.

Il est, en somme, difficile de formuler une théorie précise à ce sujet, car si la cause, si l’action intérieure est la même pour tous les contemplatifs, elle n’en diffère pas moins, je le répète, suivant les desseins du Seigneur et la complexion de ceux qui les subissent ; la différence des sexes change souvent la forme de l’influx mystique, mais elle n’en modifie nullement l’essence ; l’irruption de l’Esprit d’en Haut peut produire des effets divers, mais elle n’en reste pas moins identique.

La seule observation que l’on puisse oser, en ces matières, c’est que la femme se montre, d’habitude, plus