Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/369

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Il quitta le jardin, se dirigea vers la chapelle, mais la crainte d’être repris par des folies de blasphèmes l’en détourna. Ne sachant plus où aller, il regagna sa cellule, se répétant : il ne faudrait pas se chamailler ainsi ; oui, mais comment s’empêcher d’entendre des ergotages qui sortent d’on ne sait où. J’ai beau me crier : tais-toi ! — l’autre parle !

Arrivé dans sa chambre, il voulut prier et tomba à genoux devant son lit.

Alors ce fut abominable. Cette posture suscita des souvenirs de Florence, étendue au travers de la couche. Il se releva et les vieilles aberrations revinrent.

Il repensait à cette créature, à ses goûts bizarres, à sa manie de mordiller les oreilles, de boire des odeurs de toilette dans de petits verres, de grignoter des tartines de caviar et des dattes. Elle était si libertine et si étrange, imbécile sans doute, mais obscure !

— Et si elle était dans cette pièce, retroussée, sur ce lit, là, devant toi, que ferais-tu ?

Il se balbutiait : — je tâcherais de ne pas céder !

— Tu mens, avoue donc que tu te jetterais sur elle, avoue que tu enverrais la conversion, le cloître, tout au diable !

Il en pâlit ; la possibilité de sa lâcheté le suppliciait. Avoir communié, alors que l’on n’était pas plus certain de l’avenir, pas plus assuré de soi, c’est presque un sacrilège, se dit-il.

Et il se cabra. Jusqu’ici il avait tenu bon, mais la vision de Florence l’entama. Il s’affala, désespéré, sur une chaise, ne sachant plus que devenir, ramassant ce