Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/414

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sur la Trappe, finit par se fixer sur la mort dans les cloîtres et M. Bruno divulgua quelques détails.

— Quand la mort est proche, fit-il, le père abbé dessine sur la terre une croix de cendre bénite que l’on recouvre de paille et l’on y dépose, enveloppé dans un drap de serge, le moribond.

Les frères récitent auprès de lui les prières des agonisants et, au moment où il expire, on chante en chœur le répons : « Subvenite Sancti Dei ». le père abbé encense le cadavre qu’on lave tandis que les moines psalmodient l’office des trépassés dans une autre pièce.

On remet ensuite au défunt ses habits réguliers et, processionnellement, on le transfère dans l’église où il gît, sur un brancard, le visage découvert, jusqu’à l’heure désignée pour les funérailles.

Alors la communauté entonne, en s’acheminant vers le cimetière, non plus le chant des trépassés, les psaumes des douleurs et les proses des regrets, mais bien « l’In exitu Israël de Ægypto », qui est le psaume de la délivrance, le chant libéré des joies.

Et le trappiste est enterré, sans cercueil, dans sa robe de bure, la tête couverte par son capuce.

Enfin, pendant trente jours, sa place reste vide au réfectoire ; sa portion est servie, comme de coutume, mais le frère portier la distribue aux pauvres.

Ah ! le bonheur de décéder ainsi, s’écria en terminant l’oblat, car, si l’on meurt, après avoir honnêtement rempli sa tâche, dans l’ordre, on est assuré de l’éternelle béatitude, selon les promesses faites par Notre Seigneur à saint Benoît et à saint Bernard !