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bruit soyeux de palmes, le « Gloria, laus et honor » de Théodulphe.

Puis les feux des pierreries grésillaient et mouraient. Aux braises des gemmes succédaient les charbons éteints des obsidiennes, des pierres noires, renflant à peine sur l’or terni, sans un reflet, de leurs montures ; l’on entrait dans la Semaine Sainte ; partout le « Pange lingua » de Claudien Mamert et le « Stabat » gémissaient sous les voûtes ; et c’étaient les Ténèbres, les lamentations et les psaumes dont le glas faisait vaciller la flamme des cierges de cire brune, et, après chaque halte, à la fin de chacun des psaumes, l’un des cierges expirait et sa fusée de fumée bleue s’évaporait encore dans le pourtour ajouré des arches, lorsque le chœur reprenait la série interrompue des plaintes.

Et la couronne conversait une fois de plus ; les grains de ce rosaire musical coulaient encore et tout changeait. Jésus était ressuscité et les chants d’allégresse sautaient des orgues. Le « Victimæ Paschali laudes » exultait avant l’évangile des messes et, au Salut, l’« O filii et filiæ », vraiment créé pour être entonné par les jubilations éperdues des foules, courait, jouait, dans l’ouragan joyeux des orgues qui déracinaient les piliers et soulevaient les nefs.

Et les fêtes carillonnées se suivaient à de plus longs intervalles. À l’Ascension, les cristaux lourds et clairs de saint Ambroise emplissaient d’eau lumineuse le bassin minuscule des chatons ; les feux des rubis et des grenats s’allumaient à nouveau avec l’hymne cramoisie et la prose écarlate de la Pentecôte, le « Veni Creator » et le « Veni Spiritus ». La fête de la Trinité passait, signalée par les quatrains de Grégoire le Grand et pour