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III



Comme tous les incrédules il s’était dit, avant sa conversion : moi, si je croyais que Jésus est Dieu et que la vie éternelle n’est pas un leurre, je n’hésiterais point à renverser mes habitudes, à suivre autant que possible les règles religieuses, à demeurer, en tout cas, chaste. Et il s’étonnait que des gens qu’il avait connus et qui se trouvaient dans ces conditions n’eussent pas une attitude supérieure à la sienne. Lui, qui s’accordait depuis si longtemps d’indulgents pardons, devenait d’une singulière intolérance, dès qu’il s’agissait d’un catholique.

Il comprenait maintenant l’iniquité de ses jugements, se rendait compte qu’entre croire et pratiquer l’abîme le plus difficile à franchir existe.

Il n’aimait pas à se disputer sur cette question, mais elle revenait et l’obsédait quand même et il était bien obligé de s’avouer alors la mesquinerie de ses arguments, les méprisables raisons de ses résistances.

Il était encore assez franc pour se dire : je ne suis plus un enfant ; si j’ai la foi, si j’admets le catholicisme, je ne puis le concevoir, tiède et flottant, continuellement