Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/77

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mas d’Aquin dont il redoutait et les aboiements et les flons-flons ; restait Sainte-Clotilde où la psallette tient au moins debout et n’a point, ainsi que celle de Saint-Thomas, perdu toute vergogne. Il y pénétra, mais, là encore, il se heurta à un bal d’airs profanes, à un sabbat mondain.

Il avait fini par se coucher, furieux, se disant : tout de même, à Paris, quel singulier baptême musical on réserve au Nouveau-Né !

Le lendemain, en se réveillant, il se sentit sans courage pour affronter les églises ; les sacrilèges de cette nuit vont continuer, pensa-t-il ; et comme le temps était à peu près beau, il sortit, erra dans le Luxembourg, rejoignit le carrefour de l’Observatoire et le boulevard de Port-Royal et, machinalement, il enfila l’interminable rue de la Santé.

Cette rue, il la connaissait de longue date ; il y faisait souvent de mélancoliques promenades, attiré par sa détresse casanière de province pauvre ; puis elle était accessible aux rêveries, car elle était bordée, à droite, par les murs de la prison de la Santé et de l’asile des aliénés de Sainte-Anne, à gauche par des couvents. L’air, le jour, coulaient dans l’intérieur de cette rue, mais il semblait que, derrière elle, tout devint noir ; elle était, en quelque sorte, une allée de prison, côtoyée par des cellules où les uns subissaient de force de temporaires condamnations et où les autres souffraient, de leur plein gré, d’éternelles peines.

Je me la figure assez bien, peinte par un Primitif des Flandres, se disait Durtal ; le long de la chaussée que pavèrent de patients pinceaux, des étages de mai-