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V



Il éprouva un véritable soulagement lorsque la bonne lui répondit : Monsieur L’Abbé est chez lui. Il entra dans un petit salon et attendit que le prêtre, qu’il entendait converser avec une personne dans une autre chambre, fût seul.

Il regardait cette petite pièce et constatait que rien n’était changé depuis sa dernière visite. Elle restait meublée d’un divan de velours dont le rouge jadis incarnat était devenu de ce rose fané qu’a la confiture de framboise bue par du pain. Il y avait, en outre, deux fauteuils Voltaire, placés de chaque côté d’une cheminée que paraient une pendule Empire et des vases de porcelaine remplis de sable dans lequel s’enfonçaient des tiges de roseaux secs. En un coin, contre le mur, sous un ancien crucifix de bois, on apercevait un prie-Dieu où la place des genoux était marquée ; une table ovale, au milieu ; quelques gravures pieuses le long des murs ; et c’était tout.

Ça sent l’hôtel et le logis de la vieille fille, se dit Durtal. La vulgarité des meubles, des rideaux en damas déteint, des cloisons tapissées d’un papier de tenture, semé de bouquets de pavots, et de fleurs des champs aux