Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/129

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pas ces péchés mortels des chambres, ces sortes de boulettes, roulées dans on ne sait quelle bourre, qui s’amoncellent sous les meubles et s’appellent, dans le langage du peuple, des moutons !

Avec tout cela, quelle heure est-il ? reprit Durtal, en consultant sa montre. Voyons, au lieu de rêvasser et de remuer des scrupules et de geindre, si j’allais pour tuer le temps, faire un tour.

Il partit au hasard des rues ; çà et là de vieilles maisons l’arrêtaient : les maisons de la rue des Forges, l’hôtel de Vogué, l’immeuble des Cariatides situé dans la rue chaudronnerie, l’échauguette de la rue vannerie, mais bientôt il s’engagea dans les rues commerçantes, puis dans de larges avenues mortes et alors plus de touring-club et de ménagère, plus de bazars parisiens, d’enseignes caduques à Paris et toujours neuves en province, telles que les « Pauvre Diable et les Cent mille paletots »  ; plus de ces spécialités de pain d’épices, de cassis, de moutarde, qui marquent au moins d’une empreinte originale les rues marchandes de Dijon. Il n’y avait sur ces grandes voies aucun magasin, aucune boutique ; c’était riche et solitaire, maussade et laid.

Il déboucha sur la place du 30 octobre où pour glorifier les souvenirs de la défense nationale, une statue de la résistance se dresse, feinte par une gourgandine debout sur un fût.

Tiens, fit-il en s’orientant, voici le boulevard Carnot ; eh bien, ce serait l’occasion de visiter la chapelle des Carmélites que je ne connais pas ; M. Lampre m’a dit qu’elle était sise en face de la Synagogue ; elle ne sera donc pas difficile à dénicher.