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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/167

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— Voilà, dit M. Lampre s’adressant à Durtal, voilà les idées que ma nièce a rapportées de son séjour auprès des cloîtres !

Durtal riait de cette dispute entre l’oncle et la nièce ; ce n’était pas d’ailleurs la première à laquelle il assistait.

Toutes les fois qu’il s’agissait de l’ordre de saint Benoît, les querelles commençaient entre ces deux êtres, chacun finissant par exagérer ses opinions, pour exaspérer l’autre ; la vérité était que Mlle de Garambois rééditait, en les prenant au sérieux, les théories du père Titourne, ce toqué dont tout le monde se gaussait au Val des Saints ; de bonne fois, elle et lui, s’imaginaient rehausser le prestige de la congrégation de France, en rabaissant les autres.

— Avec ce système-là, s’écria M. Lampre, l’on en arriverait à refuser le droit d’endosser la coule noire aux Bénédictins de la pierre-qui-vire, qui ont été fondés, eux, par un saint ; et cependant les fils du p. Muard, rattachés à la congrégation du Mont-Cassin, suivent la primitive observance, s’éveillent dans la nuit pour les matines et les laudes, pratiquent l’abstinence par tous les temps ; leur régime est à peu près aussi dur que celui des trappes ; et, en outre de l’office divin, ils prêchent, ils défrichent les âmes dans le nouveau-monde ; ils sont, en un mot, les plus fidèles disciples de saint Benoît. N’est-ce pas vrai ?

— Oui, répondit Durtal ; mais je vous avoue que, personnellement, l’idéal surélevé de Dom Guéranger m’enchante. Je ne vois pas l’utilité pour les Bénédictins de prêcher et d’enseigner. Il y a des ordres particuliers, dont c’est la tâche ; d’autre part, des ordres pénitentiels