Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/192

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-dire à cette fin du monde où il viendra, selon le Credo, juger les vivants et les morts. Il sied, par conséquent, de ne point oublier ce point de vue et d’enter sur la joie rassurante du Nouveau-Né, la crainte salutaire du juge.

L’Avent est donc à la fois le Passé et le Futur ; et il est aussi, dans une certaine mesure, le présent ; car cette saison liturgique est la seule qui doive subsister, immuable, en nous, les autres disparaissant avec le cycle qui tourne ; l’année, elle-même, se termine, mais sans que jusqu’ici l’univers disparaisse en un définitif cataclysme ; et, de générations en générations, nous nous en repassons l’angoisse ; nous devons toujours vivre en un éternel avent, car, en attendant la suprême débâcle du monde, il aura son accomplissement en chacun de nous, avec la mort.

La nature même a pris à tâche de symboliser les soucis de cette saison que nous vécûmes ; la décroissance des jours fut comme l’emblème de nos impatiences et de nos regrets ; mais les jours s’allongent au moment où Jésus naît ; le soleil de justice dissipe les ombres ; c’est le solstice d’hiver et il semble que la terre, délivrée de persistantes ténèbres, se réjouisse.

Nous devons donc, ainsi qu’elle, oublier pour quelques heures la menaçante pensée des châtiments, ne songer qu’à cet événement inexprimable, d’un dieu devenu un enfant pour nous racheter.

Mon cher ami, vous avez bien préparé votre office, n’est-ce pas ? Vous avez déjà lu les exquises antiennes des matines ; vous m’entreteniez tout à l’heure, en confession, de vos défiances et de vos distractions pendant le chant des psaumes ; vous vous plaigniez du chagrin