Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cause de l’idée même qu’avait eue le peintre de reproduire le corps glorieux de Notre Seigneur, au moment de sa transfiguration, par un enduit tout en or. Le visage, le corps, la robe, les mains, étaient frottés de cet or luisant et un peu plat qui revêt les panneaux de Lancelot Blondeel, dans les églises et le musée communal de Bruges.

Cette interprétation naïve de la lumière divine était plaisante, mais le reste du retable, sec et glacé, ne méritait vraiment point qu’on le prônât.

Enfin, un autre panneau, également du quinzième siècle, une adoration, arrêtait moins Durtal pour la valeur de l’œuvre qui ne l’éperdait guère que pour les réflexions que lui suggérait son origine.

Ce tableau, longtemps attribué à Memlinc, avec l’art duquel il ne s’apparentait que par une lointaine ressemblance, avait fini par retrouver un vague débris de son acte de naissance.

Cette adoration pouvait être prêtée sans trop de discussions au maître de Mérode ou de Flémalle, ainsi qualifié parce qu’un de ses ouvrages avait jadis fait partie de la collection des Mérode et qu’une série de ses peintures, issue de l’abbaye de Flémalle, avait été acquise par l’institut Staedel, de Francfort.

Qu’était cet artiste ? D’après les recherches opérées en Belgique et en Allemagne, ce maître de Flémalle s’appelait de son vrai nom Jacques Daret et il avait été, en même temps que Roger Van Der Weyden, l’élève d’un peintre dont rien ne subsiste, Robert Campin, de Tournai.

Il s’était occupé des décorations de la fête de la Toison d’or et des noces de Charles le Téméraire qui lui rapportèrent