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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/244

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libre de venir nous rendre visite dans notre cellule et chez nous, nous n’admettons qu’une autorité, celle du père Abbé ; nous continuerons donc, avec sa permission, à administrer, comme par le passé, le sacrement de pénitence à nos clients.

— Oui, appuya le P. Brugier, l’interdiction de Mgr Triaurault ne peut porter que sur l’église qui est jusqu’à un certain point paroissiale, mais, qu’il le veuille ou non, elle s’arrête au seuil de notre cloître.

— Bien, mais les femmes ? Mlle de Garambois et ma bonne, par exemple !

— Ah ça, c’est une autre affaire ; elles ne peuvent pénétrer dans la clôture et dès lors la question se complique ; mais elle est facile à résoudre ; la défense épiscopale ne s’étend qu’au Val des Saints et, hors de ce bourg, nous conservons tous nos pouvoirs. Il sera par conséquent facile à chacun de nous d’aller, une fois par semaine, à Dijon où nous attendrons nos pénitentes dans un des confessionnaux de la chapelle des Carmélites ou de tout autre Ordre.

— C’est égal, avouez que c’est roide, un prélat voulant imposer de force un confesseur ; c’est un véritable viol de conscience ; mais, voyons, votre père Abbé a dû être consulté ; il ne s’est donc pas défendu ?

— Il a été, tout juste prévenu, dit le P. Brugier.

— Le Révérendissime est ami de la paix, ajouta prudemment Dom Emonot qui changea aussitôt la conversation et se mit à deviser avec le cellerier du noviciat.

Ce père Emonot, il était peu sympathique à Durtal, avec sa grosse tête enfoncée dans le cou et toujours renversée en arrière, son œil glissant sous ses lunettes, son