Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Seigneur, je songe à tout, excepté à vous, murmurait-il ; ce que je serais mieux à vous prier, seul à seul, dans un coin !

Il rencontra sous les galeries les novices ; ils souriaient, en le saluant, mais aucun ne parlait ; l’heure du grand silence qui commençait après les complies, la veille, ne devant cesser qu’après prime, c’est-à-dire vers les sept heures.

Ils entrèrent avec lui dans l’oratoire ; et bientôt Dom Felletin et Dom d’Auberoche, en coule, arrivèrent à leur tour et se dirigèrent vers la sacristie où le père prieur s’habillait pour dire la messe.

Puis ce furent quelques moines, le père hôtelier, le zélateur, le père sacristain qui allèrent s’agenouiller dans les stalles.

Cet oratoire était une pièce minuscule, voûtée en cul-de-four et dallée de pierre ; elle était l’un des restes les plus curieux de l’ancien prieuré du Moyen-Age et elle avait dû alors être utilisée comme la desserte des vastes cuisines qui l’avoisinaient. On l’avait malheureusement parée de tièdes statues de la Vierge et du Sacré-cœur qui évoquaient les plus offensants souvenirs du Paris de la rue Bonaparte et de la rue Madame. Dom Felletin et Dom d’Auberoche n’étaient pas en cette chapelle, ainsi qu’au noviciat, maîtres de reléguer dans des combles ces pieuses horreurs et les autres religieux s’en accommodaient, tant bien que mal ; elles étaient là ; il ne serait venu à aucun d’eux l’idée de les changer.

La messe était servie par le frère Gèdre, un petit novice à mine fûtée, avec des yeux de souris, noirs. On le surnommait le frère « trotte-menu », tant, en effet, il