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de la sainte vierge, de l’autre, une chapelle de saint Joseph ; elle était mal éclairée, presque noire. Au bout, deux rangs de stalles s’allongeaient, à droite et à gauche du sanctuaire, allant à partir de la table de communion jusqu’à l’autel en pierre, de forme gothique, qui se détachait sur un mur peint, en trompe-l’œil, d’un rideau brun.

Des vitraux modernes dressaient, dans le haut de ce mur, leurs lames droites de verre, enduites de personnages dont les nuances étaient à la fois criardes et molles. L’on discernait, lorsque le temps n’était pas trop couvert, Notre Seigneur et sa mère, habillés d’étoffes tubulaires d’un rouge acide de groseille et d’un bleu de Prusse, dur ; puis saint Bénigne de Dijon, coiffé d’un pain de sucre couleur de potiron et affublé d’une chasuble oseille ; saint Bernard enveloppé dans un manteau d’un blanc sale d’eau de riz ; saint Benoît, saint Odilon de Cluny, sainte Scholastique et sainte Gertrude vêtus de coules d’un noir de raisiné sec.

Cela avait été teint et cuit, il y avait une vingtaine d’années, par un Lavergne quelconque.

Mme Bavoil, que ces affronts de la vue ne suppliciaient point, s’agenouilla quand elle eut achevé son inspection, sur une chaise, tira d’un énorme porte-lunettes des besicles rondes et se prit à lire dans un volume encombré d’images qu’elle baisa.

Les cloches tintèrent assez longtemps, puis se turent ; et, quelques minutes après, 4 heures sonnèrent et elles retentirent encore. Un bruit martelé de pas se fit entendre sous les dernières volées des sons. Mme Bavoil tourna la tête ; par une porte située au fond de l’église,