Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/353

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Il prescrit, en effet, le silence et l’isolement, mais, au moment où ils deviendraient trop pénibles, il les rompt par des offices et, à des jours fixés, par des repas servis non plus à part, mais dans le réfectoire et aussi par des promenades qui s’appellent, en style cartusien, des spaciements.

Il ne s’agit évidemment pas de s’affilier, de près ou de loin, à la règle de saint Bruno, beaucoup trop sévère et beaucoup trop absorbante pour des laïques qui n’ont pas à observer le maigre perpétuel, les levers dans la nuit, et dont le but n’est point de demeurer en clôture. Son esprit même n’a rien à voir avec le nôtre. Il sied simplement de lui emprunter son système, mitigé et encore détendu de solitude, et de suivre pour tout le reste la règle de saint Benoît, prise dans son acception la plus large. Autrement dit, couvent non plus d’une seule pièce, mais coupé par des maisonnettes, en tranches ; vie moins cénobitique et plus personnelle ; liberté d’aller et de venir avec horaires d’offices réduits, permettant de besogner, des heures d’affilée, en paix.

Ce ne serait nullement, ainsi que des gens se l’imagineront, une nouveauté, mais bien au contraire une régression, presque un retour aux premiers temps du monachisme où chaque moine résidait dans une hutte distincte et se réunissait avec les autres, dans un lieu spécial, pour y prier. Cela nous remettrait à la paroisse conventuelle que régissait, au quatrième siècle, saint Séverin d’Agaune, dans le Valais ; ce serait un système mixte, un petit peu Chartreux et très Bénédictin ; ce serait encore, pour les personnes désireuses d’analogies, le type des béguinages, tel qu’il subsiste chez les femmes en