Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peut dire, de ses tiges de prières, de ses touffes d’oraisons.

Elle est d’essence purement Bénédictine, clunisienne, pour employer le mot propre.

Les Bénédictins modernes voudront-ils ou pourront-ils la réaliser ? C’est une autre question. Certes, je n’adhère nullement aux théories de M. Lampre prétendant que la glorieuse paternité serait étonnamment vexée si elle voyait des laïques, des moines séculiers, parfaire une œuvre qu’elle serait elle-même, incapable d’accomplir ; c’est prêter aux fils de saint Benoît des sentiments qu’ils n’ont pas et c’est très inéquitablement les juger. D’ailleurs, n’ont-ils pas jadis encouragé des écrivains comme Bultau, l’oblat de Saint-germain-des-prés, qui nous a laissé une histoire de son ordre et une histoire du monachisme en Orient ? Il n’y a pas de raison pour croire, qu’à défaut d’une ardeur égale au travail, la congrégation de Solesmes serait plus étroite d’idées, plus bouchée que n’était son aïeule de saint-Maur ; mais enfin, si, à cause même des difficultés que va lui susciter l’exil, elle hésitait à revendiquer son héritage d’art, si elle ne pouvait détacher de son personnel un religieux apte à organiser et à diriger l’oblature, il n’y aurait évidemment qu’à passer outre et à marcher sans elle.

Après tout, en y réfléchissant, l’oblature, telle que je me la figure, pourrait se créer et se développer sans le secours de ses cloîtres, si elle avait à sa tête un prêtre, aimant la mystique et la liturgie, assez éloquent pour les bien expliquer à ses auditeurs et les mettre ainsi en mesure de les utiliser pour leurs travaux, assez saint surtout