Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/418

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embrené nos oreilles de ses fredons, mais, si, contrairement à son avantage qui est de posséder l’église du Val des Saints à lui seul, il regrettait sincèrement, comme il l’assure, l’émigration des pères, eh, bien vrai ! Je lui serrerais de bon cœur la main, car cela prouverait qu’en dépit de toutes ses manigances, il est véritablement un brave homme ! Sur ce, allons dîner, et, le soir, à table, alors que Mme Bavoil, un peu calme, s’enquérait du départ des Bénédictins, Durtal lui raconta son entrevue avec le père abbé.

— Qui est-ce, dit-elle, ce père sacristain qui doit rester avec Dom Paton ?

— Je le connais peu. Dom Beaudequin est un gros Normand ; il a la réputation d’être un finassier et un cogne-fêtu. L’abbé le prête probablement parce qu’il est très bien avec le curé. Il l’a d’abord roulé par sa force d’inertie et ses faux-fuyants ; puis on ne sait pourquoi, par un besoin de domesticité naturel, peut-être, il est devenu son homme-lige et son meilleur ami. Mais cela m’est égal ; je le verrai juste aux heures des offices et, sorti de là, bonsoir.

Quant au P. Paton, lui, c’est le contraire, un moine franc, d’une seule pièce, solide et sûr, un saint religieux, paraît-il ; seulement il travaille constamment dans sa vigne et je ne l’ai guère fréquenté, jusqu’à ce jour.

— Bah, vous serez bientôt liés ; — à propos, Mlle de Garambois est venue pour vous voir ; elle ne cesse de pleurer et répète que si elle n’avait pas son oncle, elle filerait, elle aussi, en Belgique.

— Lorsqu’on y réfléchit, répondit Durtal, les personnes les plus à plaindre dans cette aventure, c’est encore