Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/430

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qui répondît à ces exhortations. Et il n’entendait rien ; la perspective de rejoindre Paris ne le séduisait pas.

Il regardait alors le jardin qui était, à ce moment de l’automne, en pleine floraison. Les oiseaux pépiaient dans les taillis ; les basilics et les mélisses s’étoilaient de fleurettes blanches. Les asters, les menthes et les sauges étaient peuplés d’abeilles qui les piétinaient et pompaient leurs sucs, les ailes levées, en se cassant ; les feuillages des marronniers se cuivraient et ceux des érables muaient leur rouge sang en bronze ; les épingles du cèdre bleuissaient et ses branches se couvraient de petites gousses brunes ; et dès qu’on y touchait, il en sortait une poussière d’un jaune soufre qui vous saponifiait, ainsi que de la poudre de lycopode, les doigts.

Était-ce l’ombre parfumée de ce jardin, ses sentes d’arbres tranquilles, ses massifs de fleurs qui le détournaient de convoiter Paris ? Non, car il ne se sentait aucune attache à cette terre et à ces bois ; aucun regret ne sourdait à la pensée de se séparer de cette campagne où il avait pourtant bien cru finir ses jours. Il n’aspirait ni à réhabiter Paris, ni à résider au Val des Saints ; alors quoi ?

Ce que je voudrais, ce serait de demeurer ici, mais avec les offices et avec les moines ! s’écriait-il ; et il rêvait subitement à un renversement de ministère arrivant en coup de foudre pour rétablir les choses et lui permettre à lui de rester et aux religieux partis de revenir. C’était fou ! — mais ces débauches d’imagination ne servaient qu’à renforcer son découragement car il retombait de son haut, après chaque évasion, et souffrait plus.