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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/46

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ensemble, une rempailleuse pocharde et une terrienne madrée ; on pouvait lui faire le tour de l’âme, en une seconde, à celle-là !

Mme Bavoil la vrilla de son œil noir, puis, après un soupir qui en disait long, elle lui déclara doucement qu’elle entendait entretenir d’amicales relations avec elle et qu’elle comptait l’employer souvent pour les gros ouvrages ; et sur cette assurance, la mine renfrognée de la mère Vergognat se détendit ; mais elle ne crut pas moins devoir se montrer plus bête qu’elle n’était en réalité, pour ne point se compromettre dans ses réponses.

— Alors, voyons, insistait Mme Bavoil, vous m’affirmez que l’on vend ici, chez la femme Catherine, du fil et des aiguilles et tous les objets de mercerie ?

— Mais ça dépend, ma bonne dame, il y a fil et fil ; la Catherine est bien empressée ; pour ça, vous pouvez consulter, il n’y a qu’une voix.

Mme Bavoil chercha vainement à démêler le sens de cette réplique. N’ y parvenant point, elle posa une autre question, relative au format du pain usité dans le village.

La mère Vergognat ne parut pas saisir la signification des mots et, prudemment, elle bafouilla : je ne saurais pas vous renseigner.

— Ce n’est pourtant pas sorcier, ce que je vous demande, reprit Mme Bavoil. Le pain que fabrique votre boulanger est-il rond ou fendu, est-ce de la miche ou du boulot ? D’ailleurs, il doit bien en rester à la cuisine ; apportez-le moi, afin que je l’examine.

La paysanne rapporta un croûton.