Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/430

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pulcre surgirent ? toujours est-il que le malheureux fut foudroyé au pied du lit. Cette histoire a été récemment rapportée par le Figaro, d’après des renseignements incontestables.

Oh ! il ne faut pas jouer avec les choses outre-tombe et trop nier les Esprits du Mal. J’ai connu jadis un garçon riche, enragé de sciences occultes. Il fut président d’une société de théosophie à Paris et il écrivit même un petit livre sur la doctrine ésotérique, dans la collection de l’Isis. Eh bien, il ne voulut pas, comme les Péladan et les Papus, se contenter de ne rien savoir, et il se rendit en Écosse où le Diabolisme sévit. Là, il fréquenta l’homme qui, moyennant finances, vous initie aux arcanes sataniques et il tenta l’épreuve. Vit-il celui que dans « Zanoni » Bulwer Lytton appelle « le gardien du seuil du mystère » ? Je l’ignore, mais ce qui est avéré c’est qu’il s’évanouit d’horreur et revint en France épuisé, à moitié mort.

— Diantre ! fit Durtal. Tout n’est pas rose, dans ce métier ; mais, voyons, lorsqu’on entre dans cette voie, l’on ne peut donc évoquer que les Esprits du Mal ?

— T’imagines-tu que les Anges qui n’obéissent, ici-bas, qu’aux Saints, reçoivent les ordres du premier venu ?

— Mais enfin, il doit y avoir, entre les Esprits de Lumière et les Esprits de Ténèbres, un moyen