Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’empêche qu’avec tes bouderies tu ne sois souvent, ainsi que ce matin, par exemple, insupportable !

Le chat continuait de le dévisager, les oreilles toutes droites, cherchant à démêler dans les inflexions de la voix le sens des paroles qu’il écoutait. Il comprit sans doute que Durtal n’était point disposé à sauter du lit, car il s’en fut se réinstaller à son ancienne place, mais, cette fois, en tournant le dos.

— Allons, fit Durtal, découragé, en inspectant sa montre, il faut pourtant que je m’occupe de Gilles De Rais et, d’un bond, il s’élança sur ses culottes, tandis que le chat, brusquement mis debout, galopait sur les couvertures, se pelotonnait, sans plus attendre, dans les draps tièdes.

Quel froid ! — Et Durtal enfila un gilet de tricot, passa dans l’autre pièce, pour allumer du feu :

On gèle, murmurait-il. Heureusement que son logis était facile à chauffer. Il se composait simplement, en effet, d’une entrée, d’un minuscule salon, d’une minime chambre à coucher, d’un cabinet de toilette assez large, le tout, au cinquième, sur une cour très claire, pour 800 francs.

Il était meublé sans aucun luxe ; du petit salon, Durtal avait fait un cabinet de travail, couvert les murs de casiers en bois noir bourrés de livres. Près de la fenêtre, une grande table, un fauteuil en cuir, quelques chaises ; à la place de la glace sur la chemi-