Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/167

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puis, par des escaliers en vrille, l’on montait et l’on descendait dans des chambres semblables que reliaient des couloirs de cave, creusés de réduits aux usages inconnus et de profondes niches.

Dans le bas, ces corridors si étroits que l’on n’y pouvait cheminer, à deux, de front, descendaient en pente douce, se bifurquaient en des fouillis d’allées jusqu’à de véritables cachots dont le grain des murs scintillait aux lueurs des lanternes, comme des micas d’acier, pétillaient comme des points de sucre. Dans les cellules du haut, dans les geôles du bas, l’on trébuchait sur des vagues de terre dure que trouait, tantôt au milieu, tantôt dans un coin, une bouche descellée d’oubliette ou de puits.

Au sommet enfin de l’une des tours, de celle qui s’élevait, en entrant, à gauche, il existait une galerie plafonnée qui tournait en même temps qu’un banc circulaire taillé dans le roc ; là, se tenaient sans doute les hommes d’armes qui tiraient sur les assaillants par de larges meurtrières bizarrement ouvertes, au-dessous d’eux, sous leurs jambes. Dans cette galerie, la voix, même la plus basse, suivait le circuit des murs et s’entendait d’un bout du cercle à l’autre.

En somme, l’extérieur du château révélait une place forte bâtie pour soutenir de longs sièges ; et l’intérieur, maintenant dénudé, évoquait l’idée