Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/226

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Elle se déclara souffrante.

— Je ne suis venue que pour ne pas vous faire attendre !

Il s’inquiéta.

— J’ai une migraine affreuse, reprit-elle, en passant ses doigts gantés sur son front.

Il la débarrassa de ses fourrures, la pria de s’asseoir dans le fauteuil, et il se préparait à se rapprocher d’elle, à s’installer, ainsi qu’il se l’était promis, sur une petite chaise, mais elle refusa le fauteuil et choisit, loin du feu, près de la table, un siège bas.

Debout, il se pencha et lui prit les doigts.

— Comme vous avez la main brûlante, dit-elle.

— Oui, un peu de fièvre, je dors si mal. Si vous saviez combien je pense à vous ! puis vous êtes toujours, ici, pour moi ; et il parla de cette persistante odeur de cannelle expirant très au loin, dans les odeurs moins définies qu’exhalaient ses gants. Allez, — et il fleura ses doigts, — vous me laisserez encore un peu de vous aujourd’hui, lorsque vous me quitterez.

Elle se leva, en soupirant :

— Tiens, vous avez un chat ; comment se nomme-t-il ?

— Mouche.

Elle l’appela. Il s’empressa immédiatement de déguerpir.