Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/235

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aussi à ses réflexions. Il en voulait à cette femme de l’avoir ainsi lanterné et il s’en voulait à lui-même de s’être laissé berner de la sorte. Puis certaines phrases dont l’impertinence ne l’avait pas tout d’abord surpris, le froissaient maintenant. Celle où, à propos de ses rires nerveux, Mme  Chantelouve avait, sur un ton négligent, répondu : « cela me prend souvent dans les omnibus » ; cette autre surtout où elle affirmait n’avoir besoin, ni de sa permission, ni de sa personne, pour le posséder, lui semblaient pour le moins malséantes, adressées à un homme qui n’avait pas couru après elle et qui ne l’avait enlacée en somme par aucune avance.

— Toi, dit-il, je te materai, dès que j’aurais des droits.

Dans le réveil assagi de ce matin, la hantise de cette femme se relâchait.

Résolument il pensa :

Va encore pour deux rendez-vous ; celui de ce soir chez elle. Celui-là est inutile et ne compte pas, car j’entends ni me laisser investir, ni tenter, de mon côté, l’assaut ; je n’ai pas l’envie, en effet, d’être pris en flagrant délit par Chantelouve, de risquer la police correctionnelle ou le revolver. Et un autre, un dernier, ici. Si elle ne cède pas, eh bien, ce sera clos ; elle ira jouer son rôle de frôleuse ailleurs !