Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/286

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C’est lui qui fournit les Monsabré et les Didon, c’est tout dire !

— Ce sont les hussards de la religion, les anciens et joyeux lanciers, les régiments chic et pimpants du Pape, tandis que les bons Capucins, ce sont les pauvres tringlots des âmes, dit Durtal.

— S’ils aimaient seulement les cloches ! s’écria Carhaix, en hochant la tête ; tiens, passe-nous le Coulommiers, dit-il, à sa femme qui enlevait le saladier et les assiettes.

Des Hermies remplissait les verres ; ils mangèrent, en silence, le fromage.

— Dis donc, reprit Durtal en s’adressant à des Hermies, sais-tu si une femme qui reçoit la visite des incubes a nécessairement le corps froid ? Autrement dit, est-ce une présomption sérieuse d’incubat, comme jadis l’impossibilité qu’éprouvaient les sorcières de verser des larmes servait à l’Inquisition de preuve pour les convaincre de maléfice et de magie.

— Oui, je puis te répondre. Autrefois, les femmes atteintes d’incubat avaient les chairs frigides, même au mois d’août ; les livres des spécialistes l’attestent ; mais maintenant la plupart des créatures qui subissent ou appellent les amoureuses larves, ont, au contraire, la peau brûlante et sèche ; cette transformation n’est pas encore générale mais elle tend à le devenir. Je me rappelle