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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/345

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explosibles si dangereuses à manier pour ceux qui les préparent ; mais souvent, lorsqu’il s’attaque à des êtres sans défense, il use de recettes plus simples. Il distille des extraits de poisons et il y ajoute de l’acide sulfurique pour bouillonner dans la plaie ; alors il trempe dans ce composé la pointe d’une lancette avec laquelle il fait piquer sa victime par un esprit volant ou une larve. C’est l’envoûtement ordinaire, connu, celui des Rose-Croix et autres débutants en Satanisme.

Durtal se mit à rire. — Mais, ma chère, à vous entendre, on expédierait à distance la mort, ainsi qu’une lettre.

— Et certaines maladies telles que le choléra, on ne les dépêche pas par lettres ? Demandez aux services sanitaires qui désinfectent pendant les épidémies les envois de poste !

— Je ne dis pas le contraire, mais le cas n’est pas le même.

— Si, puisque c’est la question de transmission, d’invisibilité, de distance, qui vous étonne !

— Ce qui m’étonne surtout, c’est de voir les Rose-Croix mêlés à cette affaire. Je vous avoue que je ne les avais jamais considérés que comme de doux jobards ou de funéraires farceurs.

— Mais, toutes les sociétés sont formées de jobards, et, à leur tête, il y a toujours des farceurs qui les exploitent. Or c’est le cas des Rose--